Alcool, barbe et gueule de bois...

Gorrhan marchait depuis plusieurs jours, ne sachant plus trop où il se rendait. Le vieux nain avait souvent des pertes de mémoires, dûes à son âge ou bien les mauvais coups qu'il avait pu recevoir tout au long de sa vie. Il avait servi longtemps comme milicien et charpentier dans la petite communauté d'Urankhar où il était né.

Mais la ville avait été pillée et saccagée par des brigands pendant le dernier hiver. Celui-ci avait été long et très ardu pour tout le monde. Les brigands avaient besoin de vivres, autant que les habitants de la communauté qui voyaient leurs réserves s'amenuiser peu à peu. Ils avaient défendu leur communauté comme ils le pouvaient, mais les brigands étaient nombreux et possédaient des chevaux... Pendant une attaque nocturne, ils avaient tué tous les habitants qui leurs étaient tombés sous la main. Gorrhan avait été laissé pour mort, comme quelques autres. Après avoir reconstruit quelques habitations pour les survivants, Gorrhan les quitta; il y avait de nombreux mauvais souvenirs qui le hantaient en cet endroit.

Depuis quelques mois, il errait sans trop savoir où aller. Il n'avait aucun sentiment d'appartenance envers les villes et bourgades qu'il visitait. Son air s'était renfrogné et il ne parlait plus beaucoup, sinon pour se montrer violent envers les étrangers. En suivant la route, il aboutti à une ville avec des gardes postés à l'extérieur. Il ne se rappelait plus qu'il suivait cette route pour aller dans une ville... Peut-être avait-il besoin de se ravitailler avant de reprendre son chemin...

Il arriva aux portes et un des deux gardes le reluqua de la tête aux pieds, son regard en était un des plus méprisants. Il éclata de rire puis d'un ton moqueur il s'adressa au nain.

D'où tu viens ils ne connaissent pas ça les bains? Tu empestes comme c'est pas permis toi... Bon allez, trêve de plaisanteries, que viens-tu faire ici à une heure aussi tardive?

Sur le visage du nain se dessina un large sourire, montrant bien ses dents gâtées au garde en face de lui.

Tu es un marrant toi... Je sens l'alcool pauvre abruti et je sens aussi que tu vas perdre ton sourire...

Ses yeux se fondirent avec les ombres de la nuit et la colère s'imposa sur ses traits. Il empoigna le garde par le plastron et le tira vers le bas, puis d'un geste vif il redressa la tête, assenant un violent coup de casque au visage du garde. Celui-ci tomba au sol, le visage ensanglanté, se tordant de douleur.

Gorrhan empoigna sa hache, déterminé à tuer cet insolent humain. Il s'élança sur lui, leva sa hache et reçu un coup de manche de hallebarde directement au visage. Il tomba au sol à son tour et lâcha sa hache. Bien que le sang coulait de son front et que son nez devait être brisé pour une enième fois, il n'allait pas geindre comme le jeune garde étendu face à lui.

Des gardes sortirent des portes de la ville et vinrent à sa rencontre, au pas de course et en armes. Gorrhan se mit à rire, visiblement amusé. Il se leva et cracha sur le garde au sol.

Je t'avais bien dit que tu arrêterais de rire. Pas la peine de t'énerver toi, il a eu son compte.

Il ramassa sa hache et la rangea, au grand soulagement du garde. Il prît une longue gorgée de son flacon qui pendait à sa ceinture et eu tout juste le temps de la tendre au garde qui l'avait envoyé au sol... avant que les autres n'arrivent et ne le tabassent...

Il se réveilla dans une cellule, le visage tuméfié et coupé à plusieurs endroits. Il avait dormi là, au sol, baignant dans son sang coagulé et son vomi. L'odeur était infecte, mais il savait qu'il pourrait prendre un bain bientôt... Il était habitué à ces vérifications 'd'usage' lorsqu'il visitait une nouvelle ville. Une lettre avait été déposée à ses côtés. Il l'ouvrit sans même regarder si elle lui était adressée...

Intéressant votre entrée dans la ville. Venez nous rejoindre à la taverne à votre sortie. Demandez Chess.

Il déchira la lettre, trouvant ces énigmes des plus ridicules.

Ouais... j'ai du temps à perdre avec un fanfaron comme celui-là moi... Pour qui il se prend lui, et qui est-ce au fait?

À sa sortie, il se rendit à l'auberge la plus proche pour aller se désaltérer et un drôle de type vint l'aborder... un dénommé Chess, dont il n'avait jamais entendu parler...